Le Clos des Rocs, à chaque année, son millésime

Chaque année est unique et fait face à ses particularités chaleur, pluie, gel, maladie et transmet ses particularités au vin.
Le Clos des Rocs, à chaque année, son millésime

    2012 Un « millésime de Vignerons », éprouvant mais très réussi

    Vendredi, 8ème jour, les rayons du soleil sculptent en ombre chinoise sa majesté le Mont Blanc. Toujours aussi époustouflant : difficile de se lasser d’un tel spectacle à l’éveil ; les vendangeurs quant à eux sortent, tels des zombies, de leur caverne de toile : courage, c’est le dernier jour. Ainsi, mon humeur est partagée en ce matin, balancée mais sans doute plutôt équilibrée comme le sera le millésime 2012. Équilibrée entre le fait qu’il faudra bien partager ce millésime si peu généreux et celui d’avoir récolté des raisins dorés de qualité exceptionnelle.

    Et ça n’était pas gagné, tant ce millésime nous fit souffrir de mai à août. Nous étions au chevet de nos vignes, comme nous l’aurions été auprès d’un proche souffrant, assis nuit et jour auprès d’elles, réagissant à chaque demande, à chaque souffrance. Appuyés par une médication naturelle mais pas suffisante, nous devions les caresser de nos mains pour leur apporter l’amour nécessaire. Nous nous préparions à enterrer ce millésime, mais le présage du deuil insoutenable d’un nouveau-né nous fit décupler nos forces. Alors ce matin, je suis heureux, heureux du travail de ma troupe de vendangeurs, jeunes et dynamiques, heureux d’avoir récolté sous un soleil généreux, heureux d’avoir sauvé ces magnifiques raisins pourtant tellement attaqués par dame nature. 

    Millésime de vignerons , 2012 est soutenu par une acidité remarquable, de la chair et de très beaux amers.

    2011 Précocité, Maturité & Équilibre

    Comme pour 2007, le printemps fût particulièrement chaud et précoce. Les premières fleurs de vigne apparaissent dès le 6 mai dans « Les Mures »… La pleine floraison qui a lieu mi-mai laisse envisager des vendanges dès la fin août ! Début juin, nous sommes étonnés par la forme et la taille des futures grappes. Elles sont très lâches, peu serrées. Les vieilles vignes ont partiellement « coulé » mais aucune parcelle ne souffre de maladie. Le temps très sec des 3 mois du printemps laisse place à une météo particulièrement pluvieuse sur juillet et début août. Les raisins grossissent rapidement et les grappes, qui paraissaient fluettes fin Juin, se sont bien étoffées. Comme nous le pensions, nous commençons très précocement les vendanges, fin août !
    2011 est un excellent millésime : du fruit, une grande définition de chacun des Terroirs et un très bel équilibre Gras-Acidité. Santé !!

    2010 Grêle, Grêle et Grêle !

    Printemps pluvieux, été dévastateur parfois, automne Salvateur 2010 a été indéniablement un millésime difficile pour nous vignerons et également très variable d’un village à un autre sur l’ensemble du Mâconnais. Arrêtons-nous au cas de Loché. Après un hiver faiblement rigoureux, le mois d’avril fut anormalement chaud pendant 2 semaines. Puis vint le mois de mai très arrosé. La fleur se passa tant bien que mal, la fécondation des fleurs de vigne ayant été gênée par cet excès d’eau.
    Puis arriva juin qui, dans un élan tropical, arrosa plus que n’en faut nos coteaux. Que ne fut notre effroi, notre désarroi, tant la terre amoureusement labourée l’avant-veille glissa de cinq mètres plus bas. Allons-y gaiement, remontons-la à la pelle. Puis juillet frappa avec pertes et fracas les quelques raisins rescapés d’une fleur mal passée. L’orage de grêle toucha plus ou moins équitablement Fuissé, puis Loché. Sur Leynes, plus un seul raisin accroché, pendant qu’à Vinzelles, la moitié survivait. Et pour vérifier un vieil adage de vigneron arc-bouté par les ans passés) : « Là où passe un orage, les autres passeront toute l’année », trois autres orages de grêle, moins violents que celui du 10 juillet, blessèrent encore quelques baies.
    Pour résumer, juillet fut chaud et pluvieux, début août humide et frais puis fin août et septembre secs et ensoleillés. Les vendanges se sont déroulées du 18 au 29 septembre. Les rendements sont donc très faibles mais fort heureusement la qualité est là et bien là. C’est un millésime exceptionnel, assez proche du 2008.

    2009 Riche et séducteur.

    Ne classons pas trop vite un Millésime. 2008 a été très injustement déprécié du fait d’un printemps et d’un été pluvieux, froid. Inversement, 2009 a été encensé très rapidement, à peine le premier raisin rentré en cave. Il faut dire que les conditions climatiques ont été particulièrement favorables à la production de raisins parfaitement sains et mûrs. Mais une fois encore, soyons plus nuancés : 2009 est un très bon Millésime, riche, sur le fruit et séducteur. Mais ce n’est pas un nouveau « Millésime du siècle »
    Rappelons succinctement les conditions que nous avons eues en 2009 depuis la sortie d’hiver jusqu’aux vendanges. Après un hiver un peu neigeux, la sortie des bourgeons en avril et la floraison précoce fin mai se sont très bien déroulées. Quelques averses orageuses ont ponctué un été chaud, très chaud même en août. Trois semaines de canicule ont ainsi accéléré l’avance déjà prise au printemps. Les vendanges étaient annoncées pour la mi-septembre. Nous les avons finalement commencées le 2 eeptembre ! Les raisins sont alors beaux, mûrs, parfaitement sains. En un mot, des vendanges faciles. La chaleur du mois d’août a donné des jus très riches en sucre et assez bas en acidité. Mais grâce au travail des sols réalisé, les vins 2009 gardent leur fraîcheur. Millésime de maturité, millésime de plaisir. Prenez tout simplement du plaisir avec 2009 qui sera certainement à déguster avant 2008.

    2008 2008 : Un grand millésime de blanc

    La presse ne présente pas 2008 comme un grand millésime en Bourgogne. Et pourtant, les blancs sont magnifiques. De notre jeune vie de vignerons, il s’agit probablement du meilleur millésime que nous n’ayons jamais vinifié.
    Mais replaçons-nous dans le contexte. Après un hiver plutôt doux, les mois de mai et juin sont particulièrement pluvieux. Les sols sont si détrempés qu’il est très difficile de rentrer dans les vignes pour traiter. Le risque que tous les vignerons redoutent est évidemment le mildiou, qui finit par arriver de façon plus ou moins prononcée sur les inflorescences. Nos vignes «tiennent le coup». Ainsi, nous arrivons fin juillet, fatigués mais heureux d’avoir pu conserver de magnifiques raisins sains. Les vignes sont belles.
    Mais un terrible orage en provenance de l’Ouest est survenu le 7 août. En 10 minutes, les raisins de nos parcelles sur Loché sont détruits à 50%. Les baies sont marquées par les impacts, mais le feuillage n’est que partiellement abîmé et permettra aux raisins de finir leur maturation.
    Après un printemps et un été particulièrement pluvieux, le mois de septembre est sec et ensoleillé. Nous commençons les vendanges le 26 septembre pour les finir le 5 octobre.. Voici encore un millésime sauvé par 3 semaines de vent du Nord.
    Les vins sont tout simplement Grands, équilibrés, avec beaucoup de personnalité : minéralité, fruit, longueur, acidité ; tout y est.

    2007 De la fraîcheur et de l’énergie

    Quelle année encore ! Le printemps fut particulièrement doux, voire chaud. Les pics de températures (29-30°C) ont été atteints en avril et non pas en juillet ou en août. La vigne a donc débourré puis bourgeonné très rapidement. A titre d’exemple, les feuilles étalées que l’on voit généralement début mai s’observaient déjà le 10 avril !! La floraison très précoce entre la mi-mai et fin mai (autour du 10 juin pour une année normale) annonçait donc des vendanges particulièrement avancées ! Finalement, l’été fut particulièrement frais, gris et triste en août. Les vignes restaient magnifiques avec des raisins sains, de petites tailles. Mais allaient-ils mûrir ?
    Fort heureusement, dès le 20 août, l’anticyclone s’est repositionné sur la Bourgogne, le vent du Nord s’est levé laissant place au soleil et a soufflé pendant près de 9 jours. Les températures sont remontées. Le millésime était sauvé.
    Nous avons donc commencé le 5 septembre pour finir le 16.
    Le millésime 2007 est particulièrement « Aérien », sur le fruit, la minéralité. Les terroirs sont parfaitement définis, précis. Bref, un millésime racé, à garder le temps qu’il se donne entièrement.

    2006 Fruité et résonance !!

    Encore un Millésime de Vignerons ! En effet, les raisins n’ont pu arriver à pleine maturité, sans pourriture, que si un travail très rigoureux avait été fait dans les vignes (labour, ébourgeonnage, relevage, cisaillage à la main…). Nous nous plaisons à dire que le métier de vigneron se passe avant tout dans la vigne. Les œnologues pourront toujours trouver des artifices pour « arranger la soupe ». Mais les grands vins ne se font qu’avec d’excellents raisins, ce qui demande, il est vrai, beaucoup d’attention, de passion, voire de sueur, à la vigne.
    L’hiver particulièrement enneigé dans le Mâconnais a permis de retrouver des sols magnifiques à labourer (fin mars), le froid ayant fait son travail. Le très beau mois de juillet a été suivi par un mois d’août plutôt pluvieux. Les raisins sont passés finalement du stade non-mûrs à très mûrs (voire pourris) extrêmement rapidement. Le choix des dates de vendanges, parcelle par parcelle, a été primordial pour viser au plus juste la maturité idéale. Nous avons vendangé les parcelles les plus précoces à partir du 16 septembre pour finir le 28 les zones les plus tardives. 2006 est un millésime de fruit, de race et de plaisir.

    2005 Premier grand millésime au Clos des Rocs

    Pour la majorité des vignerons, 2005 est un millésime exceptionnel. Nous avons eu en effet des conditions climatiques idéales pour la maturité du Chardonnay en Bourgogne. Les mois de juin et juillet ont été ensoleillés tandis qu’août était plutôt frais et couvert mais très sec. Les raisins n’ont donc pas souffert de la chaleur et les réserves hydriques du sol ont permis à la vigne de supporter une sécheresse pourtant importante. Mi-septembre, les baies étaient magnifiques, dorées, parfaitement saines. Bref, un millésime à inscrire dans les annales.
    Nous avons commencé les vendanges le 15 septembre pour les finir le 30 septembre. Les rendements plutôt modérés ont donné des raisins sucrés et à la fois avec une très belle acidité.
    Les vins 2005 sont donc riches, équilibrés, racés. Chaque terroir exprime le meilleur de lui-même.

    2004 Plutôt classique

    Après un Millésime 2003 superlatif (le plus chaud, le plus précoce depuis très longtemps), 2004 s’annonce comme un millésime beaucoup plus classique, où définition de terroir, fruit et acidité s’harmonisent, s’équilibrent.
    Les conditions climatiques ont en effet correspondu aux moyennes saisonnières, sans excès, sans déficit. Les matins du début de printemps relativement frais ont cependant favorisé le développement de l’Oïdium (maladie de la vigne touchant les raisins). Cette maladie peut très rapidement détruire la totalité de la récolte si les travaux à la vigne (ébourgeonnage, aération, palissage, traitements...) ne sont pas réalisés avec minutie et rigueur. Nous avons donc passé cette année encore davantage de temps dans nos parcelles afin d’aider la pousse de la vigne (grâce aux travaux en vert réalisés exclusivement à la main) dans une configuration aérée et donc beaucoup moins sensible à cette maladie. Finalement, nous avons pu vendanger de magnifiques raisins sains et mûrs.
    Une autre donnée caractérise particulièrement 2004 : les rendements plus élevés. La vigne a véritablement compensé son stress hydrique de 2003 par une augmentation en 2004 du nombre des raisins. Et là encore, il fallait s’imposer des rendements modérés pour extraire la quintessence du millésime.
    De mémoire de vignerons, une année difficile, mais quelle récompense dans les flacons. Santé !